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Harcèlement, bien-être et santé au travail

Le harcèlement moral, le mobbing sont devenu des phénomènes couramment dénoncés et nuisent à la santé au travail. Gâcher sa vie pour la gagner ne devrait pas arriver et pourtant. Cet article fait un tour d’horizon du sujet de la santé au travail mise en péril à cause du harcèlement moral au travail.

Qu’est-ce que la santé au travail ?

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la santé au travail est définie comme une activité multidisciplinaire qui promeut et protège la santé des travailleurs dans le but de contrôler les accidents et les maladies en réduisant les conditions de risque. Ainsi, les employés seront en bonne condition physique et émotionnelle, ce qui aura un impact positif sur le développement de leur travail.

Cette activité vise à contrôler les accidents et les maladies en réduisant les conditions de risque ! Son spectre est donc plus large que le bien-être puisqu’il recouvre aussi la prévention des accidents. Concentrons-nous sur les question de troubles psychiques et leurs origines. Le harcèlement peuvent déborder sur le physiologique avec des manifestations telles que :

  • troubles du sommeil,
  • troubles digestifs,
  • troubles urinaires,
  • globus hystericus,

Pour savoir si vous êtes harcelé au travail, les faits qui constituent du harcèlement

sante-au-travailUn psychologue espagnol, expert en matière de harcèlement au travail et professeur à l’université d’Alcalá de Henares, Iñaki Piñuel, donne dans son livre : « Mobbing : comment survivre au harcèlement psychologique au travail » les faits pour lesquelles un travailleur peut être considéré comme une victime de « mobbing ».
Il considère que si un salarié ressent un harcèlement psychologique pendant une période de six mois avec une fréquence de deux fois par semaine, il est victime de mobbing.

Voici les signes qui peuvent amener un employé à se sentir victime de harcèlement moral

  1. Mon supérieur refuse de communiquer, de parler ou de me rencontrer.
  2. On m’ignore, on m’exclut ou on me fait passer pour un blanc, on fait semblant de ne pas voir, on ne me salue pas ou on me rend « invisible ».
  3. Ils me crient ou hurlent, ou élèvent la voix afin de m’intimider.
  4. Ils m’interrompent constamment, m’empêchant de m’exprimer.
  5. Ils interdisent à mes collègues de me parler.
  6. Ils inventent et répandent des rumeurs et des calomnies sur moi de manière malveillante.
  7. Ils sous-estiment et sapent systématiquement mon travail, quoi que je fasse.
  8. Ils m’accusent à tort ou à raison d’échecs, d’erreurs ou de fautes, peu concluantes et diffuses qui n’ont pas de consistance ou d’entité réelle.
  9. On m’accuse de façon malveillante de comportement illégal ou contraire à l’éthique à l’encontre de l’entreprise ou des clients afin de nuire à mon image et à ma réputation.
  10. Je reçois des critiques et des reproches pour tout ce que je fais ou les décisions que je prends dans mon travail en vue de me paralyser et de me déstabiliser.
  11. Les petites erreurs ou banalités sont amplifiées et dramatisées de manière malveillante pour me contrarier.
  12. Je suis menacé de recourir à des instruments disciplinaires (résiliation de contrat, non-renouvellement, dossier disciplinaire, licenciement, transfert forcé, etc.)
  13. Ils dévalorisent mon effort professionnel, en réduisant sa valeur ou en l’attribuant à d’autres facteurs.
  14. Ils essaient constamment de me démoraliser par toutes sortes de stratagèmes.
  15. Ils utilisent divers stratagèmes pour me faire commettre des erreurs professionnelles et m’en accusent ensuite.
  16. Ils contrôlent, supervisent ou surveillent mon travail de manière malveillante pour essayer de « me prendre en flagrant délit de résignation ».
  17. Évaluer systématiquement mon travail et mes performances de manière injuste ou partiale.
  18. Ils me laissent sans travail, même de ma propre initiative, et m’accusent ensuite de ne rien faire ou d’être paresseux.
  19.  0n me confie constamment de nouvelles tâches ou de nouveaux emplois, sans me permettre de terminer les précédents, et on m’accuse de ne rien terminer.
  20. Ils me confient des tâches ou des emplois absurdes ou dénués de sens.
  21. On me confie des tâches ou des emplois qui sont en deçà de mes capacités professionnelles ou de mes compétences pour m’humilier ou m’accabler
  22. M’obliger à faire un travail qui est contraire à mes principes, ou à mon éthique, pour forcer mon jugement éthique en participant à des « rinçages ».
  23. On me confie des tâches de routine ou des tâches sans valeur ni intérêt.
  24. On me confie des tâches qui mettent délibérément en danger mon intégrité physique ou ma santé.
  25. En m’empêchant de prendre les mesures de sécurité nécessaires pour exercer mon travail en toute sécurité.
  26. Des dépenses sont engagées dans l’intention de me nuire financièrement.
  27. Je suis publiquement humilié, méprisé ou rabaissé devant d’autres collègues ou des tiers
  28. Ils essaient de m’isoler de mes collègues en me donnant des emplois ou des tâches qui m’éloignent physiquement d’eux
  29. Ils déforment malicieusement ce que je dis ou fais dans mon travail, prenant « le radis pour les feuilles ».
  30. Ils essaient de me provoquer pour me « faire exploser ».
  31. Ils empoisonnent les gens autour de moi en leur racontant toutes sortes de calomnies ou de mensonges, les retournant contre moi de manière malveillante
  32. Ils se moquent de moi ou font des blagues en essayant de ridiculiser ma façon de parler, de marcher ou de m’insulter.
  33. Je reçois des critiques féroces et injustes ou des moqueries sur des aspects de ma vie personnelle.
  34. Je reçois des menaces verbales ou des gestes intimidants.
  35. Je reçois des menaces par écrit ou par téléphone à mon domicile.
  36. Je suis secoué, bousculé ou intimidé.
  37. Des blagues inappropriées et cruelles sont faites à mon sujet.
  38. Je suis privé d’informations essentielles et nécessaires pour faire mon travail.
  39. Ils limitent malicieusement mon accès à des promotions, des stages de formation ou d’éducation pour me nuire.
  40. Ils m’assignent des délais ou des charges de travail déraisonnables et inhabituelles.
  41. Ils changent mes responsabilités ou mes tâches sans m’en informer.
  42. Des avances ou propositions sexuelles directes ou indirectes me sont faites.

Comment réagir en cas de harcèlement mettant en risque votre santé au travail

Le principal problème du travailleur est de savoir comment prouver le harcèlement.  Ce type de comportement, puisqu’il pose des problèmes en termes de détection et de preuve, et qu’il se produit dans un domaine aussi particulier que celui des relations de travail, doit être abordé et confronté avec une attention particulière.

La première chose à faire est de vous protéger. Trouvez un moyen pour être séparé de votre ou vos harceleurs. Cela peut se faire si votre employeur assume ses responsabilités (ce qui n’est pas souvent le cas) ou via un certificat médical de votre médecin. Faites-vous aussi accompagner par un professionnel comme un psychologue spécialisé.

Les procédures juridiques

Comme il s’agit d’actes pouvant être qualifiés de crimes, il est préférable que l’employé qui peut souffrir d’une telle situation consulte un avocat. Cependant, voici quelques clés sur la manière dont elle est réglementée et les problèmes qui peuvent survenir en cas de plainte.

Avoir recours à la justice est la démarche logique quand on est victime de faits illégaux. Avant de vous engager dans cette voie sachez qu’elle est longue, compliquée et coûteuse.

Détecter et prouver que vous êtes victime de harcèlement au travail ?

La jurisprudence a défini le mobbing comme « toute situation ou conduite qui, en raison de sa répétition dans le temps, de son caractère dégradant en termes de conditions de travail, et de l’hostilité ou de l’intimidation du milieu de travail, a en général pour but ou pour résultat d’attaquer ou de mettre en danger l’intégrité du travailleur ».

Ainsi, pour que les tribunaux puissent l’apprécier, trois éléments doivent être présents :

  • Premièrement, il ne peut s’agir d’un événement isolé ; il exige que la pression à laquelle le travailleur est soumis soit systématique (par exemple, plusieurs fois par semaine) et prolongée (sur plusieurs mois).
  • Deuxièmement, le type d’actes subis doit être hostile (cris, colère, commentaires effrayants, etc.) ou (il est ridiculisé, son travail est méprisé, il est placé dans des fonctions bien inférieures à sa qualification, etc.)
  • Enfin, le résultat ou l’objectif de ces comportements doit être de mettre en danger ou de porter atteinte à l’intégrité du travailleur.

Difficultés de rassembler des preuves

Le salarié plaignant doit fournir des documents, des faits ou d’autres preuves qui permettront au tribunal d’évaluer l’existence du harcèlement moral. Dans ce cas, l’entreprise doit démontrer qu’il existe une cause objective et raisonnable qui explique le comportement ou les mesures prises.

C’est là que se pose le principal problème auquel sont confrontés les plaignants dans la pratique. L’une des caractéristiques du harcèlement au travail est que, dans la plupart des cas, il se produit avec l’apparence d’une normalité totale et sans aucune trace écrite.

Les procédures à disposition du travailleur

Une fois les preuves recueillies, le travailleur peut passer par différentes procédures pour déposer et traiter sa plainte – en fonction également de sa situation et de ce qu’il veut obtenir.

Premièrement, la personne harcelée peut recourir à son syndicat, à la médecine du travail et aux organes désignés pour protéger les travailleurs. En Belgique, il s’agit du SEPPT, service externe de prévention et protection au travail. Ce service est payé par l’employeur. Son indépendance n’est donc que juridique mais pas financière avec toutes les implications sur ses devoirs d’enquête et conclusions.

Ensuite, ils peuvent le signaler au contrôle du bien-être. L’inspection du travail chargera un inspecteur de vérifier directement et personnellement les faits signalés lors d’une visite sur le lieu de travail. Les procès-verbaux de cet organe ont une présomption de véracité, d’objectivité et d’impartialité, et constituent donc un moyen de preuve idéal.

Et enfin, une procédure ordinaire de dédommagement, lorsque le harcèlement au travail a cessé mais que le salarié veut demander une indemnisation qui compense ce qu’il a subi.

La démission

Cette voie est totalement injuste mais voici les raisons pour lesquelles il peut être salvateur de l’emprunter :

  1. Le harceleur sera plus endurant que sa victime. Dans la durée, il n’est pas possible de faire face au harcèlement. A un moment ou un autre, vous risquez de craquer.
  2. Vous risquez de perdre beaucoup d’argent. Un avocat spécialisé en droit du travail peut avoir des honoraires dépassant les 100€/heure. Constituer un dossier et comprendre les faits prend du temps. Comptez que vous serez rapidement au-dessus de 10.000€ de frais. A l’inverse, ce n’est pas votre harceleur qui est responsable du harcèlement mais votre employeur. Une entreprise ou une administration a des ressources illimitées pour faire appel ou faire durer les procédures.
  3. Le combat est souvent perdu d’avance. Peu importe vos preuves, peu importe votre bonne foi. Trop souvent la justice tranche en faveur du harceleur. La victime perd alors sur toute la ligne. En sus, vous aurez à payer les frais de justice.

Conclusion

Votre santé au travail dépend de votre entourage professionnel. Si celui-ci est toxique, vous vous devez de vous préserver immédiatement.